Devant mes yeux : des dunes de sable, un bateau, un filet de pêche, des matelas, des friandises exotiques à croquer. Détente et plaisirs assurés. Quelques vestiges archéologiques aussi : un peu d’histoire et de culture pour me rappeler que je suis civilisé.
Tout est faux pourtant. L’oasis n’est que mirage, le désert une dune minuscule. Le bateau gonflable, déjà plein, dérive vers le large, en quête d’un rivage charitable. Dieu seul sait quel corps je vais remonter grâce au filet. Sera-t-il seulement suffisamment résistant ? Une fois mon désir assouvi, une fois le bonbon sucé et dévoré, un goût âpre me reste en bouche. Des tendres et des dures, des sucrées et des salés, impossible de savoir combien j’en ai consommés, je reste allongé, fixe le plafond, au bord de l’indigestion. J’ai bu, aussi, les paroles de l’Autre. Avec affection, il m’a dit ce que je souhaitais entendre. J’ai en main des morceaux d’histoire. J’ai acheté des bouts de plastique culturels. J’ai arraché des échantillons de plâtre patrimonial. Ce sont les miens finalement, juste retour des choses.
Être sûr de ne rien oublier : prendre en photo ce que j’étais venu voir. Dire merci.
Le fantasme de l’ailleurs n’est pas loin. Il est ici. Devant mes yeux. Derrière la vitrine. Sur l’écran. Dans mes rêves.
Marc Aufraise
Camille Audibert, Laurène Buchheit, Jeanne Étienne et Jinx Harmonia investissent la galerie Modulab pour évoquer des histoires de déplacements.
« Homme et culture sont marchandises et, comme tels, voyagent. Relayés par les médias, du Nord au Sud et du Sud au Nord, les mythes et clichés décrivant...