Je ne sais pas si ce que je ressens est dans ma poitrine ou juste au-dessus de ma tête
A l’occasion de l’exposition « Je ne sais pas si ce que je ressens est dans ma poitrine ou juste au-dessus de ma tête », Laura Battistella nous parle d’abord de l’école comme d’un territoire de tous les possibles, pourtant déjà régi par des normes. C’est une microsociété.
Filles/garçons, amis/ennemis, forts/faibles, créatifs/ennuyeux, populaire/ignorés, excentriques/timides, autant de notions encore troubles dans les esprits et pourtant largement éprouvées, qui régissent et préétablissent des rôles, des relations, des actes (ou des non-rôles, non-relations, non-actes.)
Comment un enfant, individu en devenir, entame-t-il une recherche de soi dans son rapport à l’autre et au monde, dans ce contexte ? Comment, face à la difficulté à verbaliser les notions mêmes qui le conditionnent perçoit, ressent et agit-il ?
Maintenu dans ses propres fragilités et difficultés à sortir de ces principes binaires déjà trop présents, il tend à se définir véritablement, par rapport aux autres, par mimétisme, opposition, de façon singulière.
Cet ensemble de dessins, textes, multiples, monotypes et installation, constitue un récit. Celui des mouvements intérieurs encore à l’œuvre à l’âge adulte, des souvenirs déterminants pourtant érodés ou augmentés par le temps.
Mais ça n’est pas de la véracité des faits dont il est question car leurs empreintes, elles, restent inchangées. Il s’agit plutôt de ce que le récit témoigne d’une forme de mythologie personnelle.
Si les enjeux du mythe en général sont de « matérialiser et habiller de palpable, de visible, […], des intuitions, des conjectures, des idées, de soi désincarné et conceptuel pour nous le communiquer dans l’imaginaire et non pas dans l’abstrait »1, la mythologie personnelle au contraire et paradoxalement, incarne un véritable récit de soi.
Entre réalité et fiction, fantasme et projection du point de vue de l’enfant, symbolique et prise de recul du point de vue de l’adulte, c’est l’histoire d’une existence qui se révèle et s’affirme.
1 Simone Manon, Professeur de philosophie, philolog.fr
Exposition suivante
Sandra Plantiveau
Écho